A propos des kamikazes et de leur condition, Yukio Mishima dit : « La mort, pour Jocho –Yamamoto, auteur du Hagakuré -, a l’éclat étrange, vif et frais du ciel bleu entre les nuages. Sous une forme modernisée, elle s’applique étonnamment bien aux Kamikaze, dont on a pu dire que les attaques avaient constitué la forme de combat la plus tragique qu’ait connue la dernière guerre. On a qualifié ce mode d’attaque d’absolument inhumain et après la guerre on a déshonoré les jeunes hommes qui étaient morts dans ces conditions. Or l’esprit dans lequel ces jeunes hommes se précipitaient vers une mort certaine pour le salut de leur patrie est ce que la longue histoire du Japon offre de plus proche du clair idéal d’action et de mort proposé par le Hagakuré, encore que si on examinait leurs motifs individuels, on constaterait certainement qu’ils n’étaient pas exempts de craintes et de faiblesses. » Mishima reconnaît cependant que ces jeunes japonais, qui bien souvent n’avaient pas encore quitté l’école, « furent contraints », même les plus volontaires. On peut noter à propos de Mishima, que le 25 novembre 1970, en signe de protestation contre la décadence de la société japonaise, il se fit publiquement hara-kiri (seppuku) au quartier général des forces d'autodéfense.
   Le principe de l’utilisation des kamikazes était simple ; on formait sommairement des « volontaires » en vue de leur unique mission et on les plaçait aux commandes d’appareils prêt pour la réforme, le plus souvent de vieux Mitsubishi A6M3 « zeke », plus connu sous le nom de « zero », garnis de plus de 800 kilos d’explosifs. On ne remplissait les réservoirs que pour un aller simple, le retour n’étant pas envisageable, ce qui du même coup doublait le rayon d’action de l’appareil. Le nom officiel de cet engin volant était « jinrai » ou « tonnerre de Dieu », mais les pilotes le rebaptisèrent « Ohka » (« fleur de cerisier »). En effet, l’avion attaquant en piqué évoquait un pétale de fleur tombant de l’arbre mais la « Ohka » symbolisait également la fugitivité de la vie et la beauté chez le poète du XIIe siècle, Saygio.